La qualité de l’air intérieur est un sujet « invisible » mais omniprésent dans notre vie quotidienne. Avec près de 80 à 90 % de notre temps passé chaque jour dans des espaces clos, nous nous exposons à une multitude de polluants susceptibles d’impacter notre santé. Parmi ces polluants figure le radon, gaz d’origine naturelle, inodore et incolore, surtout connu pour ses propriétés radioactives… et comme la seconde cause de mortalité par cancer du poumon après le tabac. A l’occasion de la journée européenne du radon, célébrée ce jeudi 7 novembre, intéressons-nous à ce polluant encore trop méconnu…
Un gaz naturellement présent
Gaz d’origine naturelle, inodore et incolore, le radon est issu de la désintégration de l’uranium et du radium présents naturellement dans le sol et les roches. Particulièrement présent dans les régions granitiques, volcaniques et uranifères (dont le sous-sol contient de l’uranium), le radon remonte du sol et peut pénétrer par les fissures dans les fondations et les sous-sols, les passages de canalisations, les joints d’étanchéité, les matériaux poreux… et finir par s’accumuler dans les espaces fermés (sous-sols, vide-sanitaires, cave, pièces d’habitation…). Les concentrations en radon varient beaucoup d’un bâtiment à l’autre, en fonction de l’étanchéité du sol, de la ventilation du bâtiment, de la proximité de la source d’émission… En France métropolitaine, les plus fortes concentrations en radon sont observées dans le Massif Central, en Limousin, en Corse, en Bretagne, dans le massif des Vosges ou encore en Bourgogne-Franche-Comté.
À partir de la connaissance de la géologie de la France, l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) a établi une carte du potentiel radon des sols. Elle permet de déterminer les communes sur lesquelles la présence de radon à des concentrations élevées dans les bâtiments est la plus probable.
Les conséquences du radon sur la santé
Le radon est présent partout : dans l’air, le sol, l’eau, et constitue ainsi la principale source d’exposition à la radioactivité naturelle, avec cependant de fortes disparités géographiques. Le risque pour la santé résulte toutefois pour l’essentiel de sa présence dans l’air.
Le radon et certains de ses descendants, eux-mêmes radioactifs, pénètrent dans les poumons avec l’air respiré. Une fois inhalés, ils se déposent le long des voies respiratoires et provoquent leur irradiation, ce qui peut induire, à long terme, le développement d’un cancer du poumon.
Le radon est d’ailleurs classé par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) comme « cancérigène certain » pour le poumon depuis 1987. De nombreuses études épidémiologiques confirment l’existence de ce risque chez les mineurs de fond mais aussi, ces dernières années, dans la population générale.
En France, le radon serait la seconde cause de cancer du poumon, après le tabac et devant l’amiante : sur les 30 000 décès constatés chaque année, 3 000 lui seraient attribuables (soit 10% des décès par cancer du poumon incriminant le radon).
Où trouver du radon dans les habitations ?
La concentration du radon dans l’air d’une habitation dépend des caractéristiques du sol mais aussi du bâtiment et de sa ventilation. Elle varie également selon les habitudes de ses occupants en matière d’aération et de chauffage.
Les parties directement en contact avec le sol (cave, vide sanitaire, planchers du niveau le plus bas...) sont celles à travers lesquelles le radon entre dans le bâtiment avant de gagner les pièces habitées. L’infiltration du radon est facilitée par la présence de fissures, le passage de canalisation à travers les dalles et les planchers ou encore les sols perméables (terre battue…).
Le renouvellement d’air est également un paramètre important : au cours de la journée, la présence de radon dans une pièce peut varier en fonction de l’ouverture des portes et fenêtres. En outre, la concentration en radon sera d’autant plus élevée que l’habitation est confinée et mal ventilée.
Comment mesurer le radon chez soi ?
Le radon étant incolore, inodore et sans saveur, pour connaître la concentration de radon dans un bâtiment, il est nécessaire de le mesurer à l’aide d’un « dosimètre ». Ce type de dispositif coûte entre 25 et 60 € l’unité. Le prix comprend la notice explicative et l’analyse au laboratoire. Idéalement, la mesure doit être réalisée pendant au moins deux mois entre le 30 septembre et le 30 avril, lorsque le chauffage fonctionne et lorsque le confinement du logement est maximal.
Les bons gestes
Au quotidien, pour préserver une bonne qualité de l’air intérieur vis-à-vis du radon :
- Je connais le potentiel radon de ma commune, grâce à la carte de l’IRSN
- J’aère quotidiennement mon logement
- Je vérifie le bon fonctionnement du système d’aération et l’entretiens régulièrement et n’obstrue pas les grilles d’aération
J’ai fait une mesure chez moi et si le résultat est élevé (> 300 Bq/m³), je renforce les actions :
- J’augmente le renouvellement de mon air intérieur (renforcement de l’aération naturelle, voire mise en place d’une ventilation mécanique adaptée, rectification des dysfonctionnements…)
- Je limite l’entrée du radon en renforçant l’étanchéité entre le sol et mon logement (colmatage des fissures et des passages de canalisations, étanchéification des portes intérieures et trappes permettant d’accéder au sous-sol, à la cave …)
- Je ventile mon vide-sanitaire et/ou mon sous-sol
- Je vérifie l’efficacité des travaux en remesurant le radon dans les pièces de vie occupées
La mise en œuvre d’actions permettant de réduire son exposition au radon améliore de manière plus générale la qualité de l’air intérieur de son logement et peut être aussi l’occasion d’améliorer les performances énergétiques de son habitat.
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Sources