Avec le redoux progressif de ces dernières semaines, la fin de la période de chauffe approche. C’est le moment idéal pour entretenir sa cheminée, sa chaudière ou son poêle. Au-delà de l’obligation légale, le ramonage des conduits est un geste simple mais essentiel pour éviter les dysfonctionnements d’un appareil de chauffage — souvent à l’origine d’intoxications au monoxyde de carbone ou de feux de cheminée.
Pourquoi ramoner ?
Le ramonage fait partie de l’entretien de l’équipement de chauffage. Il concerne les conduits de fumée des appareils fonctionnant au bois, aux granulés, au charbon, au fioul ou encore au gaz. Il prolonge la durée de vie des équipements et permet de prévenir certains incidents. En effet, en s’accumulant, suie, cendre et autres dépôts altèrent le fonctionnement des installations et augmentent les risques d’incendie ou d’intoxication.
Un entretien régulier garantit également un meilleur tirage, réduit les émissions polluantes et permet d’économiser 7 à 10 % de combustible. À titre d’exemple, un millimètre de suie dans un conduit, c’est jusqu’à 10 % de consommation de bois en plus. Une vitre encrassée signale souvent une combustion non optimale : bois trop humide, tirage insuffisant ou manque d’air. (source)
Les principaux polluants en jeu
Les appareils à combustion produisent notamment :
- Des particules fines (PM10 et PM2,5), dangereuses dès leur inhalation. Un équipement bien entretenu limite leur émission et contribue à préserver la qualité de l’air.
En Bourgogne-Franche-Comté, le résidentiel représente en moyenne 37 % des émissions de PM10 et 53% des émissions de PM2,5, avec des variations selon les zones et les saisons (données Opteer pour l’année 2022).
- Du monoxyde de carbone (CO), un gaz incolore et inodore pouvant s’accumuler dans l’air intérieur. L’entretien des appareils et une bonne aération sont essentiels pour s’en prémunir.
Chaque année en France, près de 3 000 personnes sont intoxiquées, dont une centaine décèdent (source). En Bourgogne-Franche-Comté, entre juillet 2022 et juin 2023, 205 personnes ont été intoxiquées, dont 154 admises aux urgences. 5 décès accidentels ont été déplorés. (source)
Quand les fumées s’évacuent mal…
Lorsque les fumées ne sont pas correctement évacuées, les résidus de combustion se déposent dans l’appareil et le long des conduits. Le ramonage permet de les éliminer pour assurer la sécurité et l’efficacité de l’installation :
- La suie : noire et volatile, elle provient d’une combustion incomplète. Elle s’accumule sur les parois du conduit, peut noircir les murs et dégager une odeur désagréable.
- Le bistre (ou créosote) : croûte compacte, inflammable, il se forme lorsque la vapeur d’eau issue de la combustion se condense et se mêle à la suie. Il est à l’origine de la majorité des feux de cheminée.
Un entretien adapté à chaque équipement
Le ramonage mécanique (obligatoire) consiste à racler les parois du conduit avec un hérisson (brosse métallique montée sur des perches). Le ramonage chimique (bûches ou poudres) peut compléter l’entretien, mais ne le remplace pas.
- Poêle à bois ou à granulés
Le ramonage peut s’effectuer de deux façons : le ramonage simple ou le nettoyage complet. Le premier ne concerne que l’entretien du conduit du poêle, tandis que le second garantit un nettoyage intégral de l’appareil de chauffage.
Lors de l’entretien annuel de la chaudière, le professionnel nettoie le corps de chauffe, le brûleur, la veilleuse et l’extracteur, et contrôle la combustion ainsi que les fumées.
Ce que dit la loi
Le Règlement Sanitaire Départemental impose un ramonage mécanique par un professionnel certifié :
- 1 fois par an pour les conduits tubés, collectifs et pour combustibles gazeux.
- 2 fois par an pour les cheminées classiques et autres conduits.
A l’issue de son intervention, le professionnel remet un certificat d’une période de validité limitée, attestant du bon entretien de votre conduit. En cas de dégâts dus à un incendie, il peut être demandé par la compagnie d’assurances.
Pour connaître le règlement sanitaire de votre département, rendez-vous sur le site web de votre préfecture.
La bonne période pour ramoner
Il n’existe pas de période obligatoire pour effectuer le ramonage, mais la pratique recommande :
- Un premier passage avant l’hiver (préventif),
- Un second en cours de saison (en fonction de l’usage).
Le printemps est un moment idéal : le chauffage vient d’être arrêté et les professionnels sont plus disponibles qu’en automne, période de forte demande.
Vers une interdiction du chauffage au bois ?
Le chauffage au bois, encouragé pour sa dimension renouvelable, reste très utilisé en France, notamment en zones rurales. Cependant, il est aussi l’une des principales sources de pollution de l’air en hiver. Depuis début 2025, une rumeur circule sur une interdiction du chauffage au bois dans l’UE à partir de 2027. En réalité, il s’agit d’un projet de renforcement de la norme européenne Ecodesign, visant à améliorer les performances environnementales des nouveaux appareils. Les équipements existants pourront continuer à être utilisés. Jugés trop stricts, les critères initiaux ont été temporairement retirés. Une nouvelle version pourrait être soumise à consultation d’ici fin 2025, pour une entrée en vigueur prévue au 1er janvier 2027.
Les bons gestes
- Je brûle un bois de chauffage sec, avec moins de 20% d’humidité, ou des granulés issus d’une production certifiée
- Je choisis un bois adapté au chauffage : des essences dures, non résineuses comme le charme, le hêtre ou le chêne.
- A l’allumage de mon appareil, j’ouvre l’arrivée d’air au maximum et je veille à maintenir un apport suffisant ensuite : la vitre ne doit pas s’encrasser.
- Je ne surcharge pas mon appareil : cela peut nuire à la combustion, générer plus de fumée et accroître le risque d’incendie.
- Je nettoie régulièrement mon appareil et je vide le cendrier pour garantir un bon fonctionnement.
- Je fais entretenir mon installation et je fais ramoner le conduit de fumée au moins une fois par an par un professionnel agréé.
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