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Qualité de l'air intérieur : l'importance de la ventilation

Photo montrant une grille de ventilation encrassée, accompagnée du conseil "Je nettoie régulièrement les grilles et bouches d'extraction de mon système de ventilation: encrassées, elles réduisent son efficacité"

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L’air que nous respirons chez nous n’est pas toujours aussi sain qu’on pourrait le penser. Il peut même être plus pollué qu’à l’extérieur ! Or, nous passons en moyenne 80 % de notre temps dans des espaces clos. Assurer une bonne qualité de l’air intérieur est donc essentiel, en veillant notamment à l’impact de nos activités, en choisissant nos matériaux de construction ou de décoration, mais aussi en adoptant des pratiques régulières de renouvellement de l’air…

La ventilation, une nécessité réglementée

L’air intérieur peut accumuler une grande diversité de polluants, parfois en concentration plus élevée qu’à l’extérieur : poussières, composés chimiques émis par les produits ménagers, les peintures ou les meubles, émanations issues de nos activités quotidiennes (cuisine, ménage, bricolage, tabagisme…), remontées naturelles de radon ou encore transferts depuis l’extérieur.

Pour évacuer ces polluants et garantir un air plus sain, le renouvellement de l’air est essentiel. Aérer en ouvrant les fenêtres permet de réduire ponctuellement les pics de pollution intérieure, mais seul un système de ventilation assure un renouvellement continu et efficace dans l’ensemble du logement. La ventilation, qu’elle soit naturelle ou mécanique, doit être suffisamment performante pour éliminer l’humidité et les polluants, tout en limitant les pertes thermiques.

Cette nécessité est encadrée par la réglementation. Depuis 1969, tout logement neuf doit être équipé d’un système de ventilation mécanique ou naturelle. L’arrêté du 24 mars 1982 impose une ventilation générale et permanente dans tous les logements, anciens comme récents, en définissant des principes précis : l’air frais doit entrer par les pièces de vie (séjour, chambres, bureau) et être évacué par les pièces humides (cuisine, salle de bains, toilettes). Des débits d’air minimum sont fixés en fonction du nombre de pièces principales pour assurer un renouvellement efficace, sans perte excessive de chaleur.

Depuis 2021, le Plan National Santé Environnement (PNSE 4) renforce ces obligations en intégrant la ventilation au diagnostic de performance énergétique des logements. Les propriétaires doivent ainsi veiller à la présence et au bon fonctionnement des dispositifs de ventilation pour préserver la qualité de l’air intérieur et assurer le confort des occupants.

Repères réglementaires :

  • 1955-1958 : Premiers textes imposant l’aération des logements neufs, soit par ouverture des fenêtres, soit par des grilles d’aération ou un système de ventilation.
  • 1969 : Obligation d’une ventilation générale et permanente par ventilation naturelle ou mécanique.
  • 1982-1983 : Renforcement des exigences avec la fixation de débits d’air minimum dans les pièces de service et la possibilité de modulation des flux.

Les principaux systèmes de ventilation

  1. Ventilation naturelle

Ce système repose sur des grilles d’aération placées dans le logement pour créer des courants d’air et assurer un renouvellement continu. Il fonctionne grâce au vent et aux différences de température entre l’intérieur et l’extérieur (effet de tirage thermique). Cependant, son efficacité est variable : souvent excessive en hiver, entraînant des pertes de chaleur et une hausse de la consommation énergétique (jusqu’à 30 % de la chaleur du bâtiment évacuée), et insuffisante en été. De plus, si les grilles sont obstruées – volontairement ou non – la ventilation devient inopérante.

  1. Ventilation mécanique contrôlée (VMC)

Il existe deux grandes catégories de VMC : simple flux et double flux.

  • VMC simple flux

Ce système extrait l’air vicié des pièces humides (cuisine, salle de bains, toilettes, buanderie) à l’aide d’un moteur qui crée une dépression. L’air neuf entre par des ouvertures situées dans les pièces de vie (salon, chambres), généralement au niveau des fenêtres. Il existe également une variante, la ventilation par insufflation, qui fonctionne à l’inverse : elle insuffle de l’air extérieur filtré, créant une légère surpression qui facilite l’évacuation de l’air intérieur par les pièces humides. Ce procédé peut limiter l’entrée de polluants extérieurs, comme le radon.

Bien que la VMC simple flux améliore la circulation de l’air, elle ne filtre pas l’air entrant. Les polluants extérieurs ne sont donc pas éliminés, rendant l’ouverture des fenêtres toujours nécessaire pour un bon renouvellement de l’air.

  • VMC double flux

Plus sophistiquée, elle récupère la chaleur de l’air extrait pour réchauffer l’air entrant, tout en filtrant celui-ci avant de le diffuser dans le logement. Ce système permet d’éliminer jusqu’à 80 % des particules fines PM2,5 et de diviser par quatre les concentrations de dioxyde de carbone (CO₂) et de composés organiques volatils (COV). Il améliore également la régulation thermique et l’hygrométrie de l’habitat. Cependant, même avec une VMC double flux, il reste nécessaire d’ouvrir les fenêtres régulièrement. À titre d’exemple, une famille de quatre personnes génère environ 12 litres de vapeur d’eau par jour, ce que la VMC seule ne peut totalement évacuer.

  1. Ventilation mécanique répartie (VMR)

La VMR repose sur l’installation de bouches d’extraction individuelles, équipées de moteurs intégrés, dans chaque pièce humide. Ces dispositifs, souvent couplés à l’éclairage, se déclenchent automatiquement à l’allumage de la lumière. La VMR est une alternative privilégiée lorsque la pose d’un réseau de gaines pour une VMC centralisée est difficile (par exemple, dans des logements anciens). Cependant, elle est généralement plus énergivore et plus bruyante que les autres systèmes de ventilation.

Ventilation et isolation : un duo indissociable

Pour garantir un confort thermique et une bonne gestion de l’humidité, nos logements sont de plus en plus étanches à l’air grâce à des isolants performants. Or, une meilleure isolation réduit les échanges d’air naturels, rendant le renouvellement de l’air plus difficile et favorisant l’accumulation de polluants intérieurs. C’est pourquoi ventilation et isolation sont étroitement liées et doivent être pensées ensemble.

L’étanchéité à l’air est souvent renforcée par des freins-vapeur, placés entre l’isolant et le mur intérieur, qui limitent les transferts d’humidité tout en permettant une certaine respiration des matériaux. Leur nature varie selon le climat et l’altitude, et ils contribuent à optimiser les performances thermiques de l’isolant. Toutefois, contrairement à une idée reçue, une isolation efficace ne dispense pas d’une ventilation performante : l’air intérieur ne se renouvelle pas spontanément et peut devenir plus pollué s’il n’est pas évacué régulièrement.

Sans ventilation adaptée, une maison bien isolée risque de voir apparaître de la condensation et des moisissures, notamment entre l’isolant et les parois intérieures. À l’inverse, une ventilation mécanique seule ne suffit pas : dans un logement mal isolé, elle peut accentuer les pertes de chaleur et entraîner une surconsommation énergétique.

Une ventilation maîtrisée et une isolation performante forment donc un équilibre essentiel pour garantir un air sain, préserver le bâti et optimiser le confort des occupants.

Les signes d’une ventilation insuffisante

Une ventilation défaillante – qu’elle soit mal conçue, insuffisante ou inexistante – peut avoir plusieurs conséquences visibles et invisibles :

  • Condensation et moisissures : apparition de traces noires sur les murs, plafonds ou joints, dues à un excès d’humidité non évacué.
  • Odeurs persistantes : mauvaise circulation de l’air, empêchant l’évacuation des polluants et des émanations domestiques.
  • Inconfort et troubles de santé : maux de tête, fatigue, irritations des voies respiratoires, souvent liés à une accumulation de polluants intérieurs (COV, CO₂, allergènes…).
  • Risques graves avec les appareils de combustion : en cas de ventilation insuffisante, un chauffage d’appoint mal utilisé (poêle, cheminée, chaudière…) peut entraîner une intoxication au monoxyde de carbone, un gaz inodore et potentiellement mortel.

Une bonne ventilation est donc essentielle, non seulement pour le confort, mais aussi pour la santé et la sécurité des occupants.

Les bons gestes

  • J’adopte les bons réflexes au quotidien
    • Je laisse la ventilation fonctionner en continu : je ne coupe jamais son fusible, ni l’arrête la nuit ou en cas d’absence.
    • J’aère en complément de la VMC : bricolage, ménage, cuisson… Ces activités génèrent des pics de pollution qu’une ouverture des fenêtres aide à évacuer rapidement.
    • J’utilise la hotte ou le grand débit de la VMC pendant la cuisson : cela permet d’éliminer efficacement odeurs et polluants.
    • Sans système de ventilation, j’ouvre les fenêtres pour assurer une aération minimale.
  • J’optimise mon installation de ventilation
    • Je place mes entrées d’air extérieur loin des sources de pollution (routes, déchets, zones fumeurs…).
    • Je maintiens un espace sous les portes (1 à 2 cm de "détalonnage") pour permettre la circulation de l’air, même après un changement de sol.
    • Je vérifie l’étanchéité de la porte entre le garage et le logement pour éviter l’infiltration de polluants.
    • Je conserve les entrées d’air en cas de remplacement des fenêtres, car elles ne sont pas systématiquement prévues sur tous les modèles.
  • J’entretiens régulièrement mon système de ventilation
    • Je n’obstrue pas les entrées d'air et bouches d'extraction, sous peine de limiter l’évacuation des polluants.
    • Je nettoie les grilles et bouches d’extraction tous les 6 mois : encrassées, elles réduisent l’efficacité de la ventilation.
    • Je vérifie et change les filtres selon l’exposition aux polluants :
      • Au moins une fois par an après la saison des pollens.
      • Tous les 3 à 6 mois en cas de proximité avec un axe routier ou un site industriel.
    • Je fais contrôler mon installation par un professionnel tous les 3 ans (nettoyage des gaines, vérification des entrées d’air, etc.).
  • Je reste attentif aux signes d’une ventilation insuffisante :
    • Condensation ou moisissures sur les murs et plafonds.
    • Odeurs persistantes, sensation d’air confiné.
    • Fatigue, maux de tête, inconfort respiratoire.

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