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Les PFAS, c'est quoi?

Photo d'une casserole en inox sur la table de cuisson, accompagnée du conseil "Je remplace mes accessoires de cuisine antiadhésifs abîmés par des alternatives plus sûres en inox ou en fonte"

Publié le : 15 mai 2025

Utilisés dans de nombreux produits du quotidien, les PFAS (prononcer « pifasse ») sont des composés chimiques résistants, que l’on retrouve aujourd’hui partout : dans l’environnement comme dans notre organisme. Leur persistance et leur toxicité en font un véritable enjeu de santé publique.

Chimie et usages

Les « PFAS » désignent une vaste famille de plus de 4 000 substances chimiques regroupées sous le nom de substances per- et polyfluoroalkylées. Leur point commun : elles contiennent toutes des chaînes de carbone associées à des atomes de fluor, formant une liaison carbone-fluor extrêmement stable et résistante. Cette stabilité chimique, qui rend les PFAS quasi indestructibles dans l’environnement, est aussi ce qui leur confère des propriétés très recherchées : résistance à la chaleur, imperméabilité à l’eau et aux graisses, effet anti-adhésif, anti-tâches ou encore déperlant.

Utilisés depuis les années 1950, les PFAS sont présents dans de nombreux produits du quotidien : ustensiles de cuisine antiadhésifs, emballages alimentaires (notamment ceux conçus pour résister à la chaleur ou aux corps gras), vêtements imperméables, textiles de maison antitaches, cosmétiques longue tenue, mousses anti-incendie, isolants électriques, produits de nettoyage, pesticides… Au fil du temps, leur dégradation conduit à la formation de molécules plus petites et souvent encore plus persistantes, parfois appelées "PFAS à chaîne courte", plus difficiles à éliminer.

Parmi les PFAS les plus connus et utilisés, on retrouve le PFOS (sulfonate de perfluorooctane) et le PFOA (acide perfluorooctanoïque), tous deux reconnus pour leur dangerosité. C’est pourquoi ils font aujourd’hui l’objet de restrictions réglementaires, en Europe comme dans d'autres régions du monde.

Des PFAS dans la poussière domestique ?

En 2019, l’UFC Que Choisir a effectué des prélèvements de poussière dans 53 maisons et appartements en France, révélant que 93 % d’entre eux étaient contaminés par le PFOS, un composé perfluoré largement utilisé dans le passé pour ses propriétés antiadhésives et imperméabilisantes. Cette étude met en évidence la présence généralisée des PFAS dans l’environnement intérieur, notamment à travers les poussières domestiques.

Enjeux environnementaux et sanitaires

Les PFAS sont souvent qualifiés de « polluants éternels », en raison de leur extrême persistance dans l’environnement. Leur structure chimique très stable les rend en effet résistants aux processus naturels de dégradation, mais aussi difficiles à éliminer avec les techniques classiques de traitement de l’eau, des sols ou des déchets.

Résultat : ces substances s’accumulent dans l’environnement, se dispersent sur de longues distances et contaminent durablement de nombreux milieux — y compris les plus reculés. On les retrouve dans les sols, les rivières, les lacs, les nappes phréatiques, l’eau de pluie, les sédiments, la neige de l’Everest ou encore les glaces polaires. Cette pollution diffuse entraîne une contamination progressive de la chaîne alimentaire.

Toute la population est aujourd’hui exposée aux PFAS, principalement via l’alimentation : poissons et fruits de mer, œufs, viande, fruits et eau potable sont identifiés comme les principales sources. L’inhalation de poussières et de particules dans l’air intérieur est également suspectée de contribuer à l’exposition.

Côté santé, les PFAS sont associés à de nombreux effets nocifs, y compris à faibles doses et sur le long terme. Ils peuvent provoquer des troubles hormonaux (notamment de la thyroïde), une augmentation du taux de cholestérol, des atteintes hépatiques, ainsi que certains types de cancers (reins, testicules). Chez les femmes enceintes et les enfants à naître, des effets sont également suspectés : faible poids à la naissance, perturbations du développement, réponse réduite aux vaccins, développement anormal de la glande mammaire… En 2023, deux PFAS majeurs ont été classés par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) : le PFOA comme cancérigène certain et le PFOS comme cancérigène probable.

L’étude ESTEBAN : une imprégnation généralisée

L’étude française ESTEBAN (Étude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition), menée par Santé publique France entre 2014 et 2016, a évalué la présence de 17 PFAS dans le sang de 744 adultes et 249 enfants. Résultat : le PFOS et le PFOA ont été détectés chez 100 % des participants, y compris chez les plus jeunes. Ces substances étaient pourtant déjà interdites en Europe (depuis 2009 pour le PFOS et 2020 pour le PFOA).

L’étude a également mis en évidence un lien entre le niveau d’imprégnation et la consommation de certains aliments, notamment les produits de la mer, les œufs et les abats, confirmant l’alimentation comme voie principale d’exposition.

Vers une réglementation renforcée

Face à la dangerosité et à la persistance des PFAS, les autorités européennes et françaises ont progressivement renforcé leur réglementation. Le règlement européen REACH a d’ores et déjà classé six PFAS parmi les substances extrêmement préoccupantes, appelées à être remplacées dès qu’une alternative est disponible.

Depuis 2020, l’EFSA (Agence européenne de sécurité des aliments) a fixé une dose hebdomadaire tolérable pour quatre PFAS majeurs (PFOA, PFOS, PFHxS et PFNA) : seulement 4,4 nanogrammes par kilo de poids corporel par semaine.

Les textes évoluent progressivement :

  • Depuis 2022, 20 PFAS doivent être surveillés dans les eaux de surface et souterraines (seul le PFOS a une valeur limite fixée à ce jour).
  • En 2023, les effluents aqueux des installations industrielles classées (ICPE) doivent être contrôlés pour les PFAS, avec une limite uniquement pour le PFOS.
  • En 2024, un suivi obligatoire des émissions atmosphériques est mis en place dans les usines d’incinération.
  • À partir de 2026, des valeurs seuils pour les PFAS dans l’eau potable seront établies.

En France, une proposition de loi sur les PFAS, adoptée le 27 février 2025, prévoit :

  • L’interdiction dès 2026 de ces substances dans les cosmétiques, les articles de sport, les chaussures, les vêtements et leurs imperméabilisants (à l’exception des équipements pour pompiers et militaires) ;
  • L’interdiction élargie à tous les textiles, notamment d’ameublement, en 2030 ;
  • La mise en place d’une taxe « pollueur-payeur », afin de responsabiliser les industriels ;
  • Le renforcement du contrôle de l’eau potable ;
  • La création d’une carte nationale des sites émetteurs de PFAS.

À noter que certains produits du quotidien, comme les ustensiles de cuisine antiadhésifs, ne sont pas concernés à ce jour par cette législation.

Les bons gestes

Même si l’exposition aux PFAS est aujourd’hui généralisée, certains gestes simples au quotidien peuvent aider à la réduire :

  • Je remplace mes ustensiles de cuisine antiadhésifs abîmés (notamment ceux en téflon) par des alternatives plus sûres : inox (acier inoxydable) ou fonte.
  • Je limite les emballages alimentaires gras ou résistants à l’eau, comme les boîtes à pizza, les sacs de frites ou les gobelets jetables.
  • Je choisis des vêtements et textiles sans traitement déperlant ou antitache, souvent sources de PFAS, surtout s’ils sont neufs.
  • Je privilégie la seconde main pour les textiles, afin d’éviter les traitements de surface récents (et limiter l’impact environnemental).
  • Je renonce aux sprays imperméabilisants pour chaussures ou vêtements, sauf mention explicite "sans PFAS" ou équivalent.
  • Je limite les cosmétiques waterproof ou longue tenue, susceptibles de contenir des PFAS, et je privilégie des produits simples, avec une liste d’ingrédients courte, idéalement labellisés (ex. : Ecocert Cosmos).

Enfin, si j’habite près d’un site industriel, d’une usine d’incinération ou d’un aéroport (zones souvent identifiées comme sources de pollution aux PFAS), je reste attentif aux résultats des contrôles de qualité de l’eau potable diffusés par les autorités sanitaires locales.

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