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La pollution de l’air, double fardeau sanitaire et économique

Photo d'une femme devant sa fenêtre, poussant le rideau, accompagnée du conseil "J'aère mon logement au moins 10 minutes chaque jour, pour évacuer les polluants et l'humidité qui s'accumulent à l'intérieur"

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Asthme, AVC, cancer du poumon, diabète… Une étude publiée le 29 janvier par Santé Publique France (SPF) quantifie, pour la première fois, l’impact sanitaire et économique de la pollution de l’air en France. En plus des 40 000 décès annuels déjà estimés en 2021, elle révèle un « fardeau important » avec plusieurs dizaines de milliers de nouveaux cas de maladies chaque année. Le coût économique associé est de l’ordre de 17 milliards d’euros par an. L’étude souligne aussi que ramener la pollution de l’air aux niveaux recommandés par l’OMS permettrait de prévenir un grand nombre de ces pathologies.

La pollution de l’air et ses effets sur la santé

Premier sujet de préoccupation environnementale des Français, la qualité de l’air représente un enjeu majeur de santé publique. L’air que nous respirons à l’extérieur et à l’intérieur des bâtiments contient différents polluants qui, une fois dans notre corps, peuvent être nocifs pour la santé. La majorité des gaz atteint les alvéoles pulmonaires, les particules quant à elles pénètrent plus ou moins profondément selon leur taille. Ces polluants agissent sur la santé à court ou à long terme : sensation d’inconfort due aux mauvaises odeurs, irritation des yeux, de la peau et des muqueuses, toux, conjonctivite, allergie, rhinite, gêne respiratoire, bronchite, asthme, maux de tête, fatigue, nausées, malaises, maladies respiratoires chroniques, mortalité cardio-vasculaire, malformation du fœtus, cancers… Ces effets dépendent de la nature du polluant (gaz, particules…), de la taille des particules, de nos caractéristiques (âge, sexe…), mode de vie (tabagisme…) et état de santé mais aussi de la durée d’exposition et de la dose inhalée.

En 2013, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé la pollution de l’air extérieur comme cancérigène pour l’Homme. 

Troisième cause de mortalité après le tabac (75 000 décès) et l’alcool (41 000 décès), 40 000 décès prématurés seraient attribués à la pollution de l’air chaque année en France, (d’après l’Etude quantitative de l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique par Santé Publique France, période 2016-2019). 

Certaines populations plus vulnérables ou sensibles

Certaines personnes sont plus vulnérables ou plus sensibles que d’autres à la pollution de l’air, du fait de leur capital santé ou de leur âge. Par rapport à la population générale, ces personnes vont présenter plus rapidement ou plus fortement des symptômes suite à une exposition à cette pollution, que ce soit à court terme ou à long terme.

En période de pic de pollution de l’air, les pouvoirs publics diffusent des recommandations sanitaires, notamment à destination des populations vulnérables et sensibles à la pollution de l’air.

Sont considérés comme « vulnérables » :

  • Les femmes enceintes - Car une partie des polluants respirés peut être transmise au bébé.
  • Les nourrissons et jeunes enfants - Car leurs poumons ne sont pas encore complètement formés.
  • Les personnes de plus de 65 ans - Car la capacité et les défenses respiratoires diminuent avec l’âge.
  • Les personnes souffrant de pathologies cardiovasculaires, insuffisants cardiaques ou respiratoires - Car ils sont déjà fragilisés par leur état de santé.
  • Les personnes asthmatiques - Car la pollution peut déclencher ou aggraver la maladie.

Sont considérés comme « sensibles » les personnes se reconnaissant comme sensibles lors des pics de pollution et/ou dont les symptômes apparaissent ou sont amplifiés lors des pics (personnes diabétiques, personnes immunodéprimées, personnes souffrant d’affections neurologiques ou à risque cardiaque, respiratoire, infectieux).

Certaines personnes, de par leur activité, peuvent également être plus exposées à la pollution de l’air :

  • Les fumeurs - Car leur appareil respiratoire est déjà irrité par le tabac.
  • Les sportifs - Car leur activité respiratoire accrue les expose encore plus aux polluants

2025 : de nouvelles données sur les effets et le coût de la pollution de l’air

Le dernier rapport de Santé Publique France, publié fin janvier 2025, confirme l'ampleur de l'impact de la pollution de l'air sur la santé en France. En plus d’être responsable de 40 000 décès annuels, elle favorise le développement de maladies chroniques comme l’asthme, les cancers du poumon, l’hypertension et les maladies métaboliques. Pour la première fois, les chercheurs ont consolidé des données établissant un lien direct avec des pathologies neurodégénératives, des troubles du spectre autistique et des complications pendant la grossesse, comme des naissances prématurées. L'étude souligne aussi l'effet des restrictions liées au Covid-19 sur la baisse des polluants et, par conséquent, sur la réduction des impacts sanitaires, apportant ainsi des pistes d’action concrètes.

L’analyse met également en avant un coût économique colossal de 17 milliards d’euros par an, prenant en compte les dépenses médicales, les pertes de productivité et la dégradation du bien-être des malades et de leurs proches. Les experts insistent sur la nécessité d’actions ciblées, notamment pour les populations les plus vulnérables, vivant à proximité des axes routiers ou dans des zones précaires. Ils rappellent aussi que la pollution ne vient pas uniquement du trafic automobile, mais aussi du chauffage au bois, souvent sous-estimé par les collectivités. Pour améliorer la qualité de l’air, des politiques publiques plus inclusives sont essentielles, en intégrant mieux les personnes précaires qui bénéficient peu des dispositifs actuels, comme les aides à l’achat de véhicules électriques.

Selon Atmo France, dans le contexte de la récente adoption de la nouvelle directive européenne concernant la qualité de l’air ambiant et du programme « Un air pur pour l’Europe », ces nouvelles données réaffirment l’enjeu de santé publique autour de la pollution de l’air, et incitent à poursuivre durablement les efforts de réduction de la pollution sur toutes ses sources et sur l’ensemble du territoire.

Les bons gestes

  • J’aère mon logement au quotidien, au moins 10 minutes en créant un courant d’air, en toute saison et même en période de pollution. 
  • J’évite les sources de pollution intérieure : on ne fume pas à l'intérieur, je limite et respecte les conditions d’utilisation de produits ménagers chimiques, de bougies parfumées ou d'encens…
  • Je m’assure du bon fonctionnement du système de ventilation
  • Lors des pics de pollution, je limite les activités physiques intenses au profit d’activités modérées. 
  • J’évite les zones à fort trafic : je réduis mes déplacements près des axes routiers très fréquentés, notamment aux heures de pointe, où la concentration de polluants est plus élevée. 
  • Je m’informe sur l’état de la qualité de l'air, via www.atmo-bfc.org ou l’appli Air to Go par exemple
  • En cas de symptômes tels que gêne respiratoire ou cardiaque, je prends conseil auprès de mon médecin 

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Sources